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La culture du tabac dans le Nord Pas-de-Calais dans les années 1950-60 était une activité agricole présente mais marginale et encadrée de façon très stricte par l'état: la SEITA société d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes. Elle était encouragée dans certaines endroits pour soutenir l'économie rurale d'après guerre. La région faisait partie des zones autorisées mais restait loin derrière le sud-ouest, l'Alsace, la Bretagne, l'Auvergne.
Les surfaces cultivées étaient contingentées (quotas).
Les producteurs devaient être agréés et vendre leur récolte uniquement à la SEITA.
On trouvait les plantations de tabac surtout en Artois, la plaine de la Lys, le bassin de Béthune- Bruay, Aire sur la Lys et quelques communes du Cambrésis. Cette activité, pratiquée sur quelques ares complétait les revenus des petites exploitations, de plus elle nécessitait une main d'oeuvre importante( plantation, écimage, récolte feuille par feuille, séchage).
Ci-dessus, mise en place des pieds de tabac.
Début mars, les graines étaient semées sous couches plates ou en forme de tunnel dans les jardins. La croissance sous abri se poursuivait jusqu'à la mi-mai. La plantation en pleine terre se faisait après les gelées. Il fallait ensuite désherber régulièrement puis écimer (coupe des fleurs pour permettre le développement des feuilles).La récolte commençait en août, on cueillait les feuilles du bas de la plante les plus petites, puis suivaient la cueillette des feuilles médianes puis supérieures. Pour le retour à la ferme, les feuilles étaient rassemblées en bottes maintenues par des lanières en tissu. Déchargées, femmes et enfants enfilaient à l'aide d'une longue aiguille, les feuilles sur une ficelle d'une longueur d'1mètre 50 à distance égale pour favoriser le séchage. Les guirlandes étaient suspendues dans les hangars. En novembre, les feuilles étaient triées,( on enlevait les trouées et déchirées) reliées en bottes de 25 puis mises en caisses et livrées à la SEITA.
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"Guirlandes de feuilles" et séchoir dans hangar.
Même si en Flandre maritime, la culture du tabac était inexistante, une manufacture des tabacs, existait à Dunkerque. Active depuis le XVIII, elle fut reprise par le monopole d'état puis la SEITA.
Jusqu'aux années 50, elle conditionnait des tabacs à fumer et employait une importante main d'oeuvre féminine.
L'entrepôt de la seita partiellement détruit lors de la 2ème guerre mondiale puis inexploité à partir de 1972 a été mis en vente en 1974, et racheté par la communauté urbaine qui l'a restauré et y a installé en 1992 le musée portuaire.
Dans les années 70-80, la culture du tabac disparaît presque totalement de la région (augmentation du coût de la main d'oeuvre, concurrence internationale, restructuration de la Seita).
Images prises sur le net, livre de Valva à Valff pour la culture ancienne du tabac.