vendredi 12 décembre 2025

13 décembre

 



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Si Don Quichotte avait découvert les Flandres, il aurait pu y rencontrer ces géants aux bras démesurés et les défier les uns  après les autres.





Jusqu'au début XXème, le meunier occupait une place essentielle dans la vie quotidienne des campagnes françaises. Son travail consistait à transformer les céréales principalement le blé, en farine destinée à la boulangerie, à l'alimentation animale et à l'usage domestique.
Les moulins qu'ils soient à eau, à vent rythmaient la vie de nombreux villages. Ils servaient de point de rencontre, les agriculteurs venaient y apporter leurs sacs de grain avec cheval et chariot. On y échangeait des nouvelles, on discutait des récoltes, de la météo.




Moulin au million de briques à Looberghe, construit en 1860. Il cessa de fonctionner en 1924, on lui retira les ailes en 1929, elles furent installées par la suite sur un autre moulin. Les troupes d'occupation allemandes firent de la tour un poste d'observation et y installèrent des mitrailleuses anti aériennes. Après-guerre, le monument resta à l'abandon. En 2021, une association de sauvegarde du moulin s'est créée.


Aujourd'hui, dans l'attente d'une restauration.




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Les journées étaient longues pour le meunier qui devait adapter son activité à la force et à la direction du vent. Le bruit, la poussière de farine et la manutention des sacs de blé ou de farine qui pesaient souvent entre 50 et 100 kgs en faisaient un métier physiquement très éprouvant. Ce labeur impliquait aussi une surveillance constante des machines et des meules, une bonne connaissance des céréales, la maîtrise du blutage (séparation de la farine et du son), l'entretien du moulin.

Peu à peu, les technologies industrielles, la modernisation de l'agriculture, l'industrie alimentaire en s'accélérant, transformèrent le métier.  Les petits moulins familiaux commencèrent à décliner, remplacés par des minoteries capables de produire rapidement et à grande échelle.

Aujourd'hui, il reste quelques moulins restaurés souvent à des fins touristiques.


Moulin de la montagne à Watten



Moulin "den Leeuw" à Pitgam




Ces moulins témoignent d'un savoir-faire ancestral et d'un métier qui a profondément marqué la culture rurale.




jeudi 11 décembre 2025

12 décembre

 


                                                                            ************

La culture du tabac dans le Nord Pas-de-Calais dans les années 1950-60  était une activité agricole présente mais marginale et encadrée de façon très stricte par l'état: la SEITA société d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes. Elle était encouragée dans certaines endroits pour soutenir l'économie rurale d'après guerre. La région faisait partie des zones autorisées mais restait loin derrière le sud-ouest, l'Alsace, la Bretagne, l'Auvergne.
Les surfaces cultivées étaient contingentées (quotas).




Les producteurs devaient être agréés et vendre leur récolte uniquement à la SEITA.
 
On trouvait les plantations de tabac surtout en Artois, la plaine de la Lys, le bassin de Béthune- Bruay, Aire sur la Lys et quelques communes du Cambrésis. Cette activité, pratiquée sur quelques ares complétait les revenus des petites exploitations, de plus elle nécessitait une main d'oeuvre importante( plantation, écimage, récolte feuille par feuille, séchage).



Ci-dessus, mise en place des pieds de tabac.

Début mars, les graines étaient semées sous couches plates ou en forme de tunnel dans les jardins. La croissance sous abri se poursuivait jusqu'à la mi-mai. La plantation en pleine terre se faisait après les gelées. Il fallait ensuite désherber régulièrement puis écimer (coupe des fleurs pour permettre le développement des feuilles).La récolte commençait en août, on cueillait les feuilles du bas de la plante les plus petites, puis suivaient la cueillette des feuilles médianes puis supérieures. Pour le retour à la ferme, les feuilles étaient rassemblées en bottes maintenues par des lanières en tissu. Déchargées, femmes et enfants enfilaient à l'aide d'une longue aiguille, les feuilles sur une ficelle d'une longueur d'1mètre 50 à distance égale pour favoriser le séchage. Les guirlandes étaient suspendues dans les hangars. En novembre, les feuilles étaient triées,( on enlevait les trouées et déchirées) reliées en bottes de 25 puis  mises en caisses et livrées à la SEITA.



"Guirlandes de feuilles" et séchoir dans hangar.


Même si en Flandre maritime, la culture du tabac était inexistante, une manufacture des tabacs,  existait à  Dunkerque. Active depuis le XVIII, elle fut reprise par le monopole d'état puis la SEITA.
Jusqu'aux années 50, elle conditionnait des tabacs à fumer et employait une importante main d'oeuvre féminine.
L'entrepôt de la seita partiellement détruit lors de la 2ème guerre mondiale puis inexploité à partir de 1972 a été mis en vente en 1974, et racheté par la communauté urbaine qui l'a restauré et y a installé en 1992 le musée portuaire.




Dans les années 70-80, la culture du tabac disparaît presque totalement de la région (augmentation du coût de la main d'oeuvre, concurrence internationale, restructuration de la Seita).
 
Images prises sur le net, livre de Valva à Valff pour la culture ancienne du tabac.



























mercredi 10 décembre 2025

11 décembre

 


                                                                        **********

Marchand de peaux de lapin.

Jusqu'en 1960, ce métier était courant dans les campagnes et zones rurales. Ce marchand  parcourait villages et fermes pour acheter les peaux séchées des lapins tués par les habitants. Chaque famille élevait des lapins, l'espèce se reproduit bien et de plus peu coûteuse  à nourrir: des trèfles, de la luzerne, des pissenlits cueillis en bordure des chemins, un peu d'orge, épluchures de carottes, de pommes, du foin et cela suffisait. La peau de l'animal domestique, élevé pour sa chair, était ainsi également valorisée.


Ce collecteur itinérant, à pied, à vélo, en charrette annonçait d'une voix tonitruante son arrivée en criant: "Peaux de lapins, peaux, marchand'peau de lapins!".




On voyait alors les portes s'ouvrir et les villageoises présenter les peaux qui avaient été dépouillées après l'abattage de l'animal, retournées, séchées (parfois bourrées de paille ou  mises sur des cadres) . Le marchand les palpait, les tâtait, les pesait et payait "deux francs six sous" en fonction de la qualité du poil, de la taille, de l'état de la peau, de sa couleur.  Cela mettait un peu de beurre dans les épinards!






Après collecte, il revendait les peaux à des tanneries, des ateliers de fourrure ou à des chapeliers. Les plus belles peaux pouvaient devenir vestes, manteaux, bonnets tandis que les autres servaient à la confection de feutres ou de colle.




Aujourd'hui, ce métier a totalement disparu et pour cause: l'élevage des lapins dans les clapiers familiaux s'est raréfié au profit de l'élevage industriel et de l'achat de viande en supermarchés.

Images prises sur le net.













mardi 9 décembre 2025

10 décembre



                                                              *********

Pendant des siècles, les rémouleurs ont occupé une place essentielle dans le tissu économique et social des Flandres.
Le rémouleur se déplaçait de village en village avec son attirail: une meule montée sur une boîte à roues, actionnée d'abord à la main puis au pédalier. On l'entendait arriver de loin grâce à ses appels ou à la clochette qui précédait son installation sur la place du marché.





Dans nos campagnes, tisserands, charpentiers, paysans, bouchers, tonneliers et particuliers, attendaient impatiemment son passage. Il annonçait l'arrivée du beau temps, période d'intense activité.




Il aiguisait les couteaux domestiques, les lames de ciseaux, les serpes, faux, faucilles, les lames spécialisées des métiers d'art. Avant l'industrialisation, remplacer une lame était couteux, on préférait la  faire réparer et l'affûter régulièrement. Le rémouleur était en quelque sorte un sauveur d'outils qui étaient transmis en génération en génération! 





Dans les villes comme Lille, Dunkerque, Cassel, il s'installait près des halles ou sur les marchés.

A partir du XXème siècle, la mécanisation agricole, l'apparition d'outils bon marché et l'essor du commerce industriel ont rendu le métier moins indispensable. Les rémouleurs itinérants ont quasiment disparus dans les années 1970.





Pourtant, depuis quelque temps , on observe une renaissance artisanale: affûteurs professionnels sédentaires, artisans présents lors des fêtes du patrimoine ou évènements folkloriques. La démarche "zéro déchet" fait son chemin. Quelle riche idée: réparer afin de préserver les ressources naturelles, nos anciens étaient plein de bon sens! 

Images prises sur le net.























lundi 8 décembre 2025

9 décembre

 


                                                                  *************

Un métier disparu: pêcheur, pêcheuse de crevettes.




Autrefois les pêcheurs de crevettes faisaient partie du paysage familier des plages de Dunkerque. Armés de leurs grands filets, ils avançaient dans l'eau glacée pour ramener la précieuse crevette grise qui faisait la fierté des Flandres maritimes. 



Les pêcheurs de crevettes vendaient souvent leur pêche en direct, sur les petits étals des marchés de Dunkerque et des communes avoisinantes (Malo les Bains, Rosendael, Bray-Dunes).Les crevettes grises fraîches ou déjà cuites y étaient très recherchées.




D'autres, pour les vendre, faisaient le tour des quartiers à vélo ou avec de petites charrettes.
Certains, après la pêche, vendaient une partie de leur récolte, sur le sable aux promeneurs ou aux habitants qui venaient acheter la crevette "tout juste pêchée".




Mais avec le temps, ce métier exigeant s'est peu à peu éteint. La modernisation de la pêche, l'évolution des réglementations et la disparition progressive du savoir-faire traditionnel ont repoussé ces silhouettes courageuses hors du rivage.

Aujourd'hui, il ne reste que quelques souvenirs et les récits des anciens pour rappeler qu'à Dunkerque, la mer faisait vivre toute une communauté de pêcheurs dont le geste, désormais appartient à l'histoire.

  




dimanche 7 décembre 2025

8 décembre



 


Une jolie poésie douce et hivernale pour aborder un autre thème dans notre calendrier de l'avent. 




Décembre arrive en pas de neige,
Un souffle blanc posé sur l'eau, 
Il porte au coeur un doux manège,
De nuits profondes et de flambeaux.

Les toits s'habillent de silence,
Le vent murmure des secrets,
Et , dans l'air froid, en transparence
Dansent des souvenirs discrets.

Les jours s'enroulent comme des laines,
Les mains cherchent un peu de feu,
Et sous la lune qui se promène,
On croit voir briller d'autres cieux.

C'est le mois tendre des lumières,
Où chaque soir semble rêver,
Le temps suspend sa longue course,
Pour mieux apprendre à espérer.


A demain!









samedi 6 décembre 2025

7 décembre


                 
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Après un article sur une photographe, une avocate, quelques lignes sur une personne dont on sait très peu de choses et qui m' a donné du fil à retordre!. C'est par hasard que j'ai retrouvé son nom ou plutôt ses noms* en feuilletant  une revue de Dunkerque intitulée "les archives de Dunkerque ont 50 ans". 

Marthe Garden naît le 3 juin 1925 à Fort Mardyck, un petit village de pêcheurs à l'époque. Je suppose qu'elle a passé une enfance heureuse, on n'en trouve aucune trace. "Les gens heureux n'ont pas d'histoire".
 Elle a 14 ans lorsque la seconde guerre mondiale est déclarée. Quel était le caractère de cette jeune adolescente? insouciante? enjouée? intrépide sans aucun doute!



Comment a-t-elle supporté la présence des allemands dans son quotidien?
N'oublions pas que Fort Mardyck, comme tous les villages proches de Dunkerque, a beaucoup souffert durant l'occupation.






Dunkerque en ruines après les bombardements de mai-juin 1940.


Est-ce cette situation qui a poussé cette jeune fille à se rebeller? 
 Dès 1940, elle sert d'agent de liaison au sein des jeunes chrétiens combattants, rencontre Michel Hochard (nom d'emprunt) résistant (qu'elle épousera par la suite) et achemine de faux papiers, cartes d'identité, certificats afin d'aider ceux qui tentaient d'échapper au travail obligatoire ou à la répression, des d'activités qui sauvaient des vies, empêchaient la déportation. On la retrouve sous le pseudonyme de Jeanine Bart.   
Elle appartient aux Forces Françaises Combattantes de l'Intérieur (nom  du réseau Navarre) et crée un petit groupe de jeunes filles chargé d'aider les réfractaires. A partir de 1943, elle assure elle-même les contacts avec Paris dont elle revient en transportant de faux cachets de mairie, de préfecture, de commissariats, de kommandantur.
En 1944, elle est parmi les fondatrices des JFF (jeunes filles de France) auxiliaires féminines de la Jeune Résistance, qui comptent jusqu'à 800 jeunes filles essentiellement originaires du Nord Pas de Calais.
  A l'échelle de la région, ces réseaux ont permis à des milliers de personnes d'éviter la répression, la  déportation ou le travail obligatoire.

Ces résistants locaux, surtout des femmes n'ont laissé aucune trace dans l'histoire nationale, leurs actes étaient clandestins, leur identité masquée. Alors à toutes ces "Marthe Garden" inconnues qui ont risqué leur vie pour que nous soyons libres, chapeau bas MESDAMES!


*Marthe Garden épouse Joseph-Clément Hochart (nom d'emprunt Michel Hochard), divorce puis épouse Pierre Bonnet .

 Grâce à généanet, j'ai pu retrouver la tombe de Marthe Garden (décédée le 6 mars 2012) au cimetière de Fort Mardyck.


Histoire du dunkerquois "être femme à Dunkerque" archives de Dunkerque.




13 décembre

                                                                     ********** Si Don Quichotte avait découvert les Flandres, il aurait pu ...