mardi 23 décembre 2025

24 décembre

 



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La preuve du Père Noël (suite)



Et pourtant les deux nuits suivantes qui me séparaient de la nuit de Noël, je priais éperdument pour que le père Noël veuille bien penser à la merveilleuse lanterne.
Le samedi, ce fut le grand départ en vacances, veille de Noël et, avec mon baluchon de linge sale sur l'épaule, je me mis dans le rang qui partait pour la gare, sous la conduite du pion. La nuit vient vite en décembre. La pauvre lumière de notre compartiment courait sur le ballast et chaque tour de roue me rapprochait du paradis.
La seconde station était la mienne. Je courus de toutes mes jambes soutenu par un fort vent de Cers vers mon village. Il me semblait que j'avais des ailes. L'odeur des frites m'accueillit dans l'escalier.
Ma mère et ma grand-mère, là-haut, dans la chaleur, dans la lumière, me tendaient les bras.

 Avant de partir pour la messe de minuit après une bonne veillée, je mis mes souliers bien cirés de pensionnaire dans la cheminée de la cuisine. L'église était en haut d'une rude montée, mais tout le monde gravissait joyeusement le raidillon. Il ne faisait pas froid, et il me semblait que les étoiles grésillaient comme des cigales.
Agenouillé entre ma mère et ma grand-mère, je me repris à croire au Père Noël. En tout cas, si par miracle, le cinéma était là, puisque ma mère n'avait pu en aucun cas se le procurer, c'est que le Père Noël existait , ou le petit Jésus. Je les mettais presque au défi.

Miracle! Au retour, une grande boîte enveloppée de blanc avait pris place sur mes souliers. Vite déballée, elle laissa apparaître, le couvercle soulevé, la lanterne magique à manivelle qui me hantait.

Et , jusqu'à une heure avancée de la nuit, dans ma chambre d'enfant retrouvée, sur une serviette épinglée au mur, je vis mille fois le caniche au noeud rose sauter dans les bras de la jolie colombine aux sandales bleues.



A chaque saut, je plaignais les esprits forts qui se privaient si bêtement d'un miracle et, depuis, j'ai toujours eu tendance à croire qu'il faut croire.




Souvenir d'enfance de Gaston Bonheur (de son vrai nom Tesseyre)

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Ce joli conte inédit, offert par Adeline Bonheur aux instituteurs, a été publié dans la revue "l Ecole Libératrice", le 12 décembre 1980 quelque mois après le décès de l'auteur.

 Je le garde précieusement et j'aimais le lire aux enfants qui se posaient quelques questions...






Belle nuit de NOEL!




















24 décembre

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